Gonin, Chloé
(2024)
Impact de la précarité sur la morbidité maternelle et la morbidité périnatale dans une population à bas risque obstétrical : Étude rétrospective de 2017 à 2022 au CHU de Toulouse.
Thèse d'exercice en Thèses > Médecine spécialisée, Université Toulouse III - Paul Sabatier.
Résumé en français
La précarité, bien que sa définition ne soit pas consensuelle, regroupe plusieurs situations variées et complexes et concernerait en France entre 17,5% et 23% des femmes enceintes selon le Plan Périnatalité 2005-2007. Les données de la littérature ont montré un impact négatif de celle-ci sur la santé maternelle et surtout périnatale.
L'objectif de notre étude est d'étudier l'impact de la précarité sur les morbidités maternelle et périnatale chez les patientes à bas risque obstétrical ayant accouché à la maternité Paule de Viguier entre 2017 et 2022. Nous avons pour cela réalisé une étude de cohorte rétrospective basée sur les données du PMSI en excluant les patientes présentant une grossesse considérée " à risque ". Les critères de jugements principaux sont des critères composites de morbidité maternelle et périnatale sévère, et les critères de jugement secondaires correspondent à des issues défavorables non sévères.
Notre population d'étude comprend 19 156 patientes, dont 1873 précaires. La précarité regroupe quatre composantes : précarité sociale, financière, liée au logement et liée à l'environnement social.
Nous avons également comparé le suivi obstétrical des patientes précaires ayant présenté ou non un critère de morbidité maternelle sévère à partir d'un échantillonnage de 244 patientes appariées sur l'âge, l'IMC, la parité et l'année de naissance.
Il existe une augmentation du taux de précarité au cours des années (4,5% en 2017 à 14,3% en 2022).
Notre étude a montré une augmentation de la morbidité maternelle sévère chez les patientes précaires persistant en analyse multivariée (18,58% vs 16,45%, p < 0,001) portant surtout sur une augmentation du risque de décompensation psychiatrique (14,20% vs 11,87%, p < 0,001). Les patientes précaires sont plus anémiées (12,89% vs 3,96% p<0,001 au premier trimestre, 37,10% vs 18,33% p <0,001 au 6ème mois, 80,32% vs 72,45% p <0,001 en suite de naissance), présentent plus de thrombopénie (1,82% vs 1,02%, p=0,002), prennent plus de poids de manière excessive (6,41% vs 4,76%, p=0,002), sont davantage concernées par l'hyperémèse gravidique (2,30% vs 1,34%, p=0,001), et par le risque d'HTA gravidique mais uniquement en analyse multivariée (3,84% vs 3,07%, p=0,046). Les patientes précaires ont un risque ajusté 5 fois supérieur à celui des non précaires de découvrir fortuitement leur grossesse (12,97% vs 1.89%, p<0,001).
Dans notre population, nous n'avons pas montré d'impact négatif de la précarité sur la morbidité périnatale sévère. Le taux de prématurité et de grande prématurité est plus élevé chez les patientes non précaires (8.17% vs 10.56% p=0,001, et 2,94% vs 5,06%, p <0,001 respectivement) ce qui n'est pas concordant avec les données de la littérature. Les enfants de familles défavorisées sont hospitalisés plus longtemps (3,65 jours en moyenne vs 3,17, p <0,001) et moins allaités (57,37% vs 65,58%, p <0,001).
Chaque type de précarité semble entraîner un risque particulier en analyses en sous-groupe.
Nous n'avons pas montré de différence sur la qualité du suivi obstétrical selon l'issue maternelle. Cependant, seulement 50,43% et 48,72% de ces patientes ont un suivi considéré comme optimal.
En conclusion, notre étude montre que la précarité a des conséquences sur le plan maternel et périnatal et que face à la montée de sa prévalence, il est urgent de proposer une optimisation de la prise en charge de ces patientes pour réduire les inégalités de santé.
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Date de soutenance: |
16 Septembre 2024 |
Directeur(s) de thèse: |
Bertrand, Armelle |
Sujet(s): |
Thèses > Médecine spécialisée |
Facultés: |
Facultés > Purpan |
Mots-clés libres: |
Précarité - Vulnérabilité - Morbidité - Dépistage - Suivi |
Déposé le: |
20 Nov 2024 08:01 |
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