Perception de leur santé gynécologique par les femmes incarcérées à la maison d'arrêt de Seysses. Etude qualitative

Montagne, Adèle and Streel, Anne-Charlotte (2023) Perception de leur santé gynécologique par les femmes incarcérées à la maison d'arrêt de Seysses. Etude qualitative. Thèse d'exercice en Thèses > Médecine générale, Université Toulouse III - Paul Sabatier.

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Résumé en français

Contexte : les femmes forment en moyenne 3,2 % de la population carcérale française. Quasi invisible en prison et dans la recherche en santé, les femmes incarcérées sont souvent les oubliées et leurs besoins spécifiques en soins de santé largement ignorés. Objectif : l'objectif principal du travail est d'explorer la perception des femmes incarcérées à la maison d'arrêt de Seysses concernant leur santé, notamment gynécologique, afin de mieux cerner leurs besoins en santé. L'objectif secondaire est d'évaluer le vécu de l'impact de l'incarcération sur leur santé. Matériel et méthodes : étude qualitative par entretiens individuels semi-dirigés, réalisée auprès de femmes détenues à la Maison d'arrêt de Seysses. Critère d'inclusion : être majeure. Critère d'exclusion : être non francophone ou sous sauvegarde de justice. Une analyse thématique a été réalisée par deux chercheuses. Résultats : onze entretiens ont été réalisés entre mai 2022 et mars 2023. Avant leur incarcération, la plupart des femmes n'ont pas de suivi gynécologique régulier, en raison de contraintes diverses. Elles consultent d'abord pour un suivi obstétrical. Incarcérées, elles estiment la prison comme un lieu sale vecteur de maladies. Elles pointent de nombreuses entraves aux soins en prison. La plupart des femmes sont satisfaites de pouvoir consulter pour un motif gynécologique et bénéficier d'examens de dépistages. Chaque femme interrogée a, depuis son incarcération, pu bénéficier à tout le moins d'une consultation gynécologique. D'une manière générale, elles sont satisfaites des soins gynécologiques reçus à la Maison d'arrêt de Seysses, hormis lors de certaines extractions. Concernant l'impact de l'incarcération sur le vécu de la santé, se pose la question de la reprise ou l'arrêt du suivi médical en prison. Là les positions divergent entre les femmes : certaines sont découragées, d'autres estiment au contraire qu'il y a opportunité à renouer avec les soins gynécologiques en prison. Interrogées sur l'accès aux soins par rapport à l'extérieur, une minorité seulement de femmes trouvent cet accès en prison plus long et difficile. En revanche, globalement, elles sont satisfaites quant à l'acquisition de connaissances en prison, tout en restant insuffisantes. La place de la santé mentale en prison est capitale. Les soins psychologiques sont très appréciés. Mais les femmes déplorent que l'incarcération nuit tant à leur santé mentale qu'à leur santé physique. Elles proposent des pistes d'améliorations concrètes concernant les soins en milieu carcéral, autour de trois volets : l'amélioration de l'accès aux soins, le déroulement des soins et l'amélioration de l'information en santé, dès l'incarcération. Conclusion : les soins prodigués sont vecteurs de dignité mais la volonté des femmes détenues d'accéder à des soins médicaux et à des informations en santé se confronte souvent aux contraintes pénitentiaires. Les actions de santé menées en détention ont la capacité d'impacter la perception de leur santé des femmes détenues, perception toutefois fragile avec le risque de rupture de soins à l'extérieur impliquant la nécessité d'une meilleure compréhension de cette population par les acteurs en aval et en amont de la détention. Certains résultats de ce travail relatifs aux contraintes carcérales sont corroborés dans la littérature, d'autres apportent une originalité comme l'impact des acteurs en santé mentale ou l'attente exprimée par les femmes vis-à-vis d'information en santé. Ils gagneraient à être complétés par le point de vue des soignants de Seysses et par des études comparatives sur d'autres structures pénitentiaires.

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