Astruc, Pauline and Ouanhnon, Lisa
(2020)
Santé de la femme en population migrante : entre idéalisation et confrontation. Etude qualitative auprès de femmes migrantes à Toulouse.
Thèse d'exercice en Thèses > Médecine générale, Université Toulouse III - Paul Sabatier.
Résumé en français
Introduction
A ce jour la France compte 6,5 millions d'immigrés. Cette population, aux cultures et représentations très différentes, souffre d'inégalités en santé. En particulier, dans le domaine de la santé de la femme, des disparités existent dans l'accès à la prévention et à des soins de qualité.
Objectif
Explorer le vécu du soin gynécologique français par des femmes migrantes.
Méthode
Dans cette étude qualitative, nous avons mené des entretiens semi-directifs individuels. L'analyse a été réalisée en utilisant la méthode de la théorisation ancrée.
Résultats
Nous avons réalisé 17 entretiens, jusqu'à l'obtention d'une saturation des données.
La rencontre entre deux entités différentes et étrangères l'une de l'autre a été décrite : d'un côté, les femmes migrantes, précédées de leur bagage culturel et de leurs expériences passées en gynécologie. Ce bagage se constituait notamment de la place accordée à la religion et à l'omnipotence de Dieu, et d'un poids communautaire et familial important. Devenir " femme " et donc devenir mère était le tournant décisif de leur vie, qui leur donnait enfin accès au monde de la gynécologie. De l'autre côté se trouvait le cadre très normatif du soin gynécologique français.
Globalement, les femmes étaient très satisfaites du système français : un système de soin de qualité, une couverture maladie universelle et des soignants particulièrement humains.
Bien que rassurant, le suivi gynécologique français, très codifié, a parfois été décrit comme de la surmédicalisation. Le comportement de certains professionnels de santé a été vécu comme discriminatoire ou paternaliste. La divergence des points de vue, notamment autour de la question de la contraception, a généré une forte opposition de la part des femmes migrantes.
Leur statut de femme migrante venait amplifier tous ces obstacles à une prise en charge de qualité. Leur instabilité de vie, leur précarité, la barrière de la langue et la méconnaissance d'un nouveau système de soin, faisaient de la santé de la femme, et en particulier de la prévention, un objectif difficile à atteindre et non prioritaire.
Discussion et conclusion
L'apparente satisfaction de nos participantes faisait contraste avec les nombreuses inégalités en santé de la femme des populations migrantes en France. Ceci est une illustration de la complexité de la médecine interculturelle.
Un effort d'introspection est nécessaire aux professionnels de santé afin de prévenir l'émergence de stéréotypes et donc de comportements discriminatoires et paternalistes. La meilleure compréhension et le respect de la culture de l'autre est un préalable indispensable à tout soin interculturel. Des capacités d'adaptation à chaque patiente et une information appropriée pourraient être le meilleur moyen d'améliorer la conscience du risque des femmes migrantes, et ainsi de réduire les inégalités en santé.
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Date de soutenance: |
26 Mai 2020 |
Directeur(s) de thèse: |
Rouge-Bugat, Marie-Eve |
Sujet(s): |
Thèses > Médecine générale |
Facultés: |
Facultés > Rangueil |
Mots-clés libres: |
Population migrante - Santé de la femme - Gynécologie - Médecine interculturelle |
Déposé le: |
22 Jun 2021 15:25 |
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